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LE VAMPIRE RE'ACTIF, le blog culturel et littéraire de la maison d'édition Le Vampire Actif
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28 février 2010

Julius Winsome, Gerard Donovan

arton11660_63b53 Gerard Donovan

Julius Winsome

Traduit par George-Michel Sarotte

Roman 230 pages

Editions du Seuil

Présentation de l'éditeur: Julius Winsome, quinquagénaire, vit solitaire dans un chalet au cœur de la forêt du Maine. Fils et petit-fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence, Julius ne chasse pas, contrairement aux hommes virils de la région. Il préfère chérir ce que son père aimant lui a légué : les milliers de livres qui tapissent son chalet et le Lee-Enfield, ce fusil rapporté par son grand-père anglais des tranchées de la Première Guerre mondiale. Son unique compagnon est son chien Hobbes. La mort de ce dernier, abattu par un chasseur, déclenche chez cet homme doux une fureur meurtrière. Les balles crépitent alors dans la forêt enneigée.

Julius Winsome est l'histoire tendue et émouvante d'un " étranger" à la fois hypersensible et détaché, amoureux de la langue et misanthrope. Avatar du Meursault de Camus, qui tuait "à cause du soleil ", Julius Winsome tue à cause de la neige, symbole de pureté et de deuil. Écrit dans un style puissant et poétique, ce récit d'amour, de vengeance et de mort est à l'image du paysage, âpre, froid, cinglant. C'est aussi un hymne à la nature et à ses créatures sauvages.

Une Quiétude implacable

« Ceux qui vivent très vieux et ceux qui meurent très jeunes perdent la même chose. Ils n’abandonnent que le présent, puisque c’est tout ce qu’il possède. » Marc Aurèle

Telle est la citation que Gerard Donovan a souhaité placer en exergue de son ouvrage. Choix judicieux s’il en fut qui prend tout son sens avec son récit « Julius Winsome ».

Julius Winsome, célibataire quinquagénaire – « quoique j’aie été à deux doigts de me marier une fois, me semble-t-il » - (p : 19) vit seul, en homme tranquille, avec son chien, dans un chalet qu’avait fait construire son grand-père « sur deux arpents de terre défrichée, cernée par les bois,[…], loin des hommes, les chalets les plus proches se trouvant à cinq kilomètres à l’ouest et au nord » (p : 17,18), dans les North Maine Woods, la forêt du Maine du Nord, le long de la frontière canadienne. « La maison avait été construite autour d’une aire de silence… » (p : 19). « Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu’à un certain moment j’ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans. » (p : 41)

Sans être misanthrope, cet homme singulier aux besoins volontairement limités, gagne sa vie l’été, en travaillant à l’entretien des jardins des chalets d’alentours appartenant au vacanciers, ce qui lui va comme un gant car ses relations avec eux restent totalement professionnelles « vu qu’en général ce genre de personnes ne tiennent pas à se lier avec les gens du cru », ainsi qu’en réparant « des moteurs mal en point dans un atelier dont le patron, homme toujours attaché à quelque chiffon sale graisseux, se montrait ravi de me voir apparaître au printemps, m’appelant ‘ l’as de la mécanique’ » (p : 41).

Il trouve son équilibre en passant l’hiver dans un confortable fauteuil Nouvelle-Angleterre installé près du poêle, une tasse de thé à la main, entouré de sa bibliothèque, riche des 3282 livres que lui a légués son père. Il y a là de quoi ravir la curiosité et le besoin de recueillement de Julius qui navigue entre les rayonnages de sa bibliothèque « couvrant les murs de tout le chalet et certaines pièces, plus éloignées du poêle, étant plus sombre et plus froides que d’autres, il y avait donc des romans chauds et des romans froids. Le nom de beaucoup d’auteurs de romans froids commençait par une lettre venant après J et avant M, ainsi des écrivains comme Johnson, Joyce, Malory et Owen demeuraient au fond, près des chambres à coucher. » (p : 20). Ces livres qu’il chérie, héritage de son père, l’entourent, lui parlent, l’isolent du monde extérieur, et sont les témoins de son existence recluse, tant il est vrai que l’ « on combat l’hiver en lisant toute la nuit, tournant les pages cent fois plus vite que tourne les aiguilles, de petites roues en actionnant une plus grande pendant tous ces mois. Un hiver dure cinquante livres et vous fixe au silence tel un insecte épinglé, vos phrases se replient en un seul mot, le temps suspend son vol, midi ou minuit c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Chaque coup d’œil rencontre la neige. » (p : 89). Le récit est constamment émaillé de références littéraires, d’éclats de textes et de phrases extraites notamment de l’œuvre de Shakespeare dont Julius a repéré les mots inventés par lui (et également par l’auteur). Son père appelait le chalet « un avant-poste d’Alexandrie sur le Maine » (p : 20).

Car Julius Winsome, est d’abord et avant toute chose, comme son père l’était, et sans doute aussi en mémoire de celui qui avait répertorié les milliers d’ouvrages de sa bibliothèque sous forme de répertoire et de fiches, un lecteur. Il a un rapport sensuel et presque charnel avec les livres, qu’il aborde, tous ses sens en éveil, dont il hume le parfum du papier et dont il caresse le cuir qui les recouvre. « Je me rappelle la sensation des pages froides entre mes mains, comme je le (son père) lui apportait. Je regardais le livre se réchauffer près du feu, sous son regard et quand il avait terminé sa lecture, j’allais remettre le livre chaud sur son étagère, le reglissais à sa place, un peu plus difficilement, la chaleur l’ayant fait un rien gonfler. Bien que mon père m’eût quitté vingt ans plus tôt il me restait les romans et les récits de voyage, les pièces de théâtre, les nouvelles, exactement comme il les avait laissés, tout ce qu’il était et savait m’entourant toujours. » (p : 20)

Cette volonté de vivre seul est un choix, une manière de se préserver et de respecter la mémoire de son père qui lui a appris à être fidèle,- « Voilà comment j’ai appris le mot ‘fidélité’, comment envelopper de chair le terme nu et lui insuffler la vie. » (p : 29)-, qui lui a transmis l’amour des livres, qui lui a donné ses valeurs essentielles et avec qui il a partagé tant de moments intenses dans ce chalet. Aussi, à la mort de son père, tout naturellement, est-il resté fidèle à cette terre, à la nature qui l’entoure, au chalet, à cette mémoire.

Julius a pour compagnon un chien, souvenir d’une présence partagée le temps d’un été, celle de Claire qui l’a quitté pour retourner à la civilisation et à un autre homme, rupture pour laquelle il n’a pas de rancœur. « S’il est possible de mesurer la solitude, je dirais que je constatais que j’étais heureux de la voir, même si j’étais heureux de toutes les façons. J’étais d’ailleurs plus qu’heureux mais je n’avais aucun mot pour décrire ce que produisait en moi la soudaine jouissance de tant de compagnie. Cela me rappelait ces premières gouttes de pluie qui nous font attendre sur le seuil, la veste passée par-dessus la tête, tandis qu’on se demande si l’averse est due à un petit nuage ou si ça va durer. » (p : 113) Ils sont allés le chercher au chenil, et l’ont appelé Hobbes, du nom du philosophe. « C’est le premier nom sur lequel on est tombés quand on a choisi un livre au hasard sur l’étagère. C’est donc à une sorte de tirage au sort que Hobbes a du son nom. Ç’ aurait pu être tout aussi bien Charles que Hugo, Stevenson que Léviathan, heureusement qu’on n’est pas tombé sur le dernier, à cause des syllabes. » (p : 71). Seulement à cause des syllabes ? Hasard vraiment ? Hobbes est le premier philosophe théoricien de la violence qui proclamait que l’homme est un loup pour l’homme…

Dans la grange construite pas son père, Julius entrepose, soigneusement rangé et nettoyé, le Lee-Enfield rapporté par son grand-père anglais des tranchées de la Première Guerre mondiale, fusil troqué à un sniper britannique, contre le sien « qui ratait si souvent sa cible ». Ce fut un « échange de sang car, avait-il expliqué, le sniper aurait tué vingt-huit fois avec cette arme en deux ans » ((p : 57). « C’est ainsi que mon grand-père est revenu dans le Maine au début de 1919 avec une arme dont il ne s’était jamais servi mais qui avait tué vingt-huit hommes, et, quoiqu’il l’ait bien entretenue, il ne l’a jamais utilisée après la guerre, parce qu’il en avait eu tout son soûl des tueries, qu’il avait senti assez de cordite comme ça et que la guerre lui avait fait passer le goût des armes. Après sa mort, lorsque mon père a officiellement hérité du fusil, lui non plus ne s’en est jamais servi, ne le sortant de son étui en bois que pour le nettoyer, plusieurs fois par an. » (p : 57).

Initié au tir par son père, « C’est mon père qui m’a appris l’essentiel du maniement d’un fusil » p : 154), Julius a éprouvé un sentiment d’angoisse, lors de sa première prise en main du fusil. « Dans la lunette, au lieu des bois du Maine aux couleurs éclatantes, j’apercevais, de l’autre côté d’un champ de bataille boueux, à six cents mètres de là, les ombres des tenues de combat grises, fantômes d’hommes morts depuis longtemps hantant toujours la lunette de visée. C’est à ce moment là que le fusil m’a paru le plus lourd." […] Son père a ajouté qu’ « un fusil pouvait tirer sur une boîte de conserve ou sur un président et n’était ni meilleur ni pire que le tireur » (p : 58). Depuis ce jour, bien qu’excellent tireur, Julius possède une haine pour la violence et l’usage des armes à feu, haine transmise par son père et son grand-père, tous deux anciens combattants. Julius ne chasse pas contrairement aux chasseurs, ces hommes virils, qui viennent à la saison de chasse cerner son chalet. Il se dit que « les chasseurs expérimentés […] savent qu’il ne faut pas tirer dans les parages, que les balles ne s’arrêtent que lorsqu’elles rencontrent un obstacle. » (p : 14)

Pourtant un jour, cette quiétude va se rompre. Pour écrire un roman ou une nouvelle ne faut-il pas toujours une rupture?

C’est l’hiver dans le Maine. « Novembre arrive dans le Maine du nord porté par un vent cinglant qui souffle du Canada. Il traverse sans entrave la forêt clairsemée, drape de neige les berges des rivières et les flancs des coteaux. Le lieu est solitaire, non seulement en automne et en hiver, mais d’un bout de l’année à l’autre. Le temps est gris et rude, les espaces sont vastes et désolés, et le vent du nord balaie tout sans pitié, vous arrachant même parfois certaines syllabes de la bouche ». (p : 16) « Mon feu flambait joyeusement et j’avais chaud aux jambes. J’ai terminé la nouvelle de Tchekhov dans laquelle une fillette n’arrive pas à dormir à cause des pleurs incessants d’un bébé. J’étais si pris par l’histoire que je n’ai pas remarqué que mon chien avait disparu. » (p :14). Après une longue attente, et une quête fébrile, Julius découvre son chien mortellement blessé, tiré à bout portant. L’intervention du vétérinaire ne pourra sauver Hobbes qui mourra dans les bras de Julius : « Le pauvre petit m’a regardé et je lui ai tenu la tête. Il l’a posé sur mon bras et a cessé de respirer, comme si maintenant que j’étais là il pouvait abandonner la partie.» (p : 25).

Cet acte barbare, de pure malveillance, va conduire Julius à se mettre en quête du coupable en affichant une petite annonce sur le mur du super marché de Fort-Kent, promettant une récompense pour tout renseignement. Mais, tandis qu’il prend un café à la cafétéria, laissant ainsi le temps à un éventuel témoin de se faire connaître ou de fournir des informations, une main anonyme trace un grand cercle autour des mots  « CHIEN ABATTU D’UN COUP DE FUSIL », « et à l’intérieur du cercle on avait écrit les mots suivants en petites lettres : ‘Bye-bye, le chien’, précédant plusieurs points d’exclamation, signe de ponctuation dont mon père s’était souvent plaint, le traitant de béquille pour soutenir un mot faiblard. J’ai poursuivi la lecture. Sous ces mots la personne avait ajouté ‘Et alors ? un chien de moins. Oublie-le’, conseil suivi de nouveaux points d’exclamation. J’ai regardé la feuille quelques instants tandis que des passants me contournaient, m’accordant un large espace. Puis je l’ai détachée, l’ai enroulée et placée sous ma veste ». (p : 34,35).

Tout va basculer à cet instant.

« J’ai regagné le chalet à toute allure, y suis rentré à toute allure, ai ouvert le poêle à toute allure, y ai enfourné l’affiche à toute allure et l’ai regardé brûler, le papier se recroquevillant et enserrant les bûches dans une bande orange. La cruauté des petites villes est si affiliée qu’on peut s’en servir comme d’un crayon aiguisé pour se moquer sur des avis de recherche d’animaux égarés ou abattus. Mon cerveau sautillait frénétiquement en haut d’un grand arbre, refusant de redescendre et de me laisser lire. » (p : 35). Julius va ressortir le vieux fusil de son étui de cuir qui n'a plus servi depuis des décennies et va se recueillir devant la tombe de Hobbes qu’il a creusé dans le massif de fleurs qui pendaient toutes sur leur tige ne sachant que penser ou dire. « J’aurais donné tous les livres du chalet, tout mon argent jusqu’au dernier penny pour le voir resurgir du trou. Je me serais débrouillé pour oublier toute l’affaire. Mais il n’a pas resurgi. On en était donc là. J’ai pris la direction de la forêt, muni d’un petit thermos de thé chaud, du pain dans la poche, et, en bandoulière, l’autre legs de mon grand-père à mon père, un fusil Lee-Enfield datant de la Première Guerre mondiale, modèle 14 » (p : 43). Plus loin : « J’espérais que la neige du long hiver, qui venait de commencer, tiendrait chaud à mon ami. Me penchant jusqu’au sol, j’ai enfoncé mes doigts dans la neige au-dessus de l’endroit où il gisait. Je suis resté dans la clairière qui se tapissait de blanc, levant les yeux vers les fragments de nuit découpés par flocons. L’hiver.» (p : 89).

Julius va alors tenter de surmonter ce deuil en menant la traque de l’assassin de son chien d'une manière calme et froide, déterminée et méthodique, logique et argumentée. « Je n’attendais rien et rien n’est arrivé. Une épaisse couche de glace s’est glissée dans mon cœur. Je l’ai sentie s’installer, gripper les soupapes et apaiser le vent qui soufflait dans ma carcasse. Je l’ai entendue se plaquer sur mes os, insérant du silence dans les endroits fragiles, dans tout ce qui était brisé. Mon cœur a alors connu la paix du froid ». (p : 94, 95). Contrairement à ce que pourrait laisser sous-entendre un résumé trop rapide, Julius ne va pas sombrer dans une folie destructrice. La mort de son chien l’a rendu profondément triste. L’équilibre a été violemment et brusquement rompu. Julius doit le rétablir. Pour trouver le coupable, il va continuer de raisonner comme il l’a toujours fait, s’en remettre aux mots de Shakespeare et au final va tuer en pleine conscience de ses actes aussi froidement que l’hiver qui arrive, en dehors de toute passion incontrôlée. C’est ainsi qu’il se met à la recherche d’indices « qui devait débuter par une analyse plus approfondie des détails déjà connus et une relecture des faits déjà constatés. J’ai fini par comprendre ce qui me tracassait : il me fallait trouver la preuve des manipulations opérées par elle (Claire) et ses complices pour faire entrer ce chien dans ma vie avant de me l’enlever. J’ai cependant décidé de bien réfléchir avant de commettre toute nouvelle action.» (p : 98). Mais, à l’issue de son analyse, « la présentation des preuves terminées, j’ai constaté qu’il n’y avait qu’un seul responsable : moi-même. Responsable d’avoir fait passer en jugement l’accusée. » (p : 119).

Ce dialogue intérieur coure tout au long de l’ouvrage convoquant les souvenirs pour l’enrichir. Le récit, conté à la première personne, ce qui empêche toute possibilité de jugements extérieurs portés sur les actes de Julius, narre la vengeance de cet homme doux, amoureux des livres, rempli de sagesse et d’équilibre, que la disparition de son chien, son seul ami, foudroyé par la bêtise, la vulgarité et la méchanceté, a profondément meurtri. Dans le décor de la forêt sauvage, couverte de neige, à la blancheur immaculée, des hommes grossiers, violents, vont trouver un destin tragique. Leur destin sera accompagné par le vocabulaire shakespearien que Julius a noté adolescent dans un cahier et qu’il redécouvre fort à propos pour qualifier les circonstances des disparitions de ses victimes et qu’il leur glisse à l’oreille : « Avez-vous tiré sur ce chien ? ai-je demandé. Il a continué de secouer la tête. Avez-vous tiré sur ce chien ? C’est alors que j’ai dit des mots que je n’avais pas prononcés depuis l’époque où je les avais appris de mon père. Vous êtes maillé de sang, ai-je déclaré, vous êtes pollu. » (p: 47).

Ce récit d’amour, de vengeance et de mort, violent, est pourtant pudique et retenu. Son style puissant, concis et poétique sert un texte essentiel dont le suspense haletant n’autorise aucune pause. Seules les évocations du passé, toujours en échos avec les scènes du présent, viennent introduire un nouveau souffle, permettant au lecteur de reprendre sa respiration. Les trois temps du livre rythment la lecture, le lecteur étant invité à construire lui-même l’histoire au fur et à mesure que sont révélées et précisées les pièces du puzzle.

Au final, il me semble que ce récit pose, parmi d'autres, deux questions fondamentales.

Tout d’abord la question du rapport de force entre la sagesse du philosophe, symbolisé par Julius au milieu des 3282 livres de sa bibliothèque comme tant de « sages » tels, parmi tant d’autres, Michel de Montaigne, Jorge Luis Borges ou Alberto Manguel, et la sauvagerie des armes, celles des chasseurs qui crépitent sans discontinuer dans les bois autour du chalet et le Lee-Enfield, aussi chargées d’histoire et de mémoire soient-elles. Et ici, le langage des armes l’emporte sur celui des livres !

En second lieu, la question du soi confronté à l’autre, construit par le regard de l’autre, marquée par la perturbation apportée à la solitude de Julius par l’arrivée de Claire, surgie un jour d’on ne sait où, qui, en partant, lui laisse un chien dont la disparition montrera que Julius ne peut plus vivre seul, ne peut plus retourner à sa solitude, car il a été changé de manière irréversible, malgré des habitudes apparemment retrouvées. « De retour au chalet, alors que je tisonnais le feu, il (Hobbes) m’a manqué pour la première fois. Mon cœur a cogné comme un fou, moment terrible où l’on saisit le sens de l’expression ‘disparu à jamais’. Elle signifie que plus personne ne vous regarde vivre, ne voit ce que vous faites. » (p : 30,31).

Un récit remarquable, un hymne à la nature et à l'amour, aux livres et à la liberté, à découvrir ou à relire….

                                                                                                                   Desmodus 1er

Commentaires
A
Merci Sylvaine pour cette référence. Cela éveille fort ma curiosité!!
A
Je suis un "gros consommateur" de livre et j'ai beaucoup apprécié à la suite de la lecture de ce livre... me plonger dans votre chronique détaillée. Bien m'en a pris j'y ai retrouvé l'ambiance et la réflexion particulières à ce beau roman. <br /> <br /> Merci a vous, de faire honneur à ce titre... en espérant qu'il donne envie a de nombreuses autres personnes de s'y attarder!!<br /> <br /> Andy, 30 ans, Paris
D
Timon -"Je suis écoeuré de ce monde hypocrite; et je n'en veux accepter que les nécessités essentielles. Donc, Timon,creuse sur-le-champ ta tombe; choisis, pour y reposer, un lieu où la blanche écume de la mer puisse fouetter chaque jour ta pierre tumulaire; compose ton épitaphe en sorte que ta mort nargue la vie des autres!" Acte IV scène XIII<br /> Le soldat -"Mon noble général, Timon est mort. Il est inhumé au bord de la mer. Sur la pierre tumulaire est une inscription que j'ai moulée dans la cire... cette molle empreinte suppléera à ma malheureuse ignorance. 'Ci-gît un corps méprisable, séparé d'une âme misérable. Ne cherchez pas mon nom. Que la peste vous consume, chétifs méchants qui restez après moi! Ci-gît Timon qui détesta tous les hommes vivants. Passant, maudis-moi à ta guise, mais passe sans t'arrêter'" Acte V scène XVIII<br /> <br /> Merci Sylvaine, la fidèle, d'enrichir mes humbles écrits. <br /> Votre convocation, en échos à Julius Winsome, de Timon d'Athènes, ce seigneur athénien héros du drame éponyme de William Shakespeare, en tant que porteur de haine pour l'existence et le genre humain est d'autant mieux choisi que William Shakespeare accompagne Julius dans sa vengeance... Mais il y a cependant une grande différence entre les deux personnages, car Timon, qui mène une fastueuse existence, entouré de flatteurs qu’il croit être ses amis et qu’il couvre de cadeaux, cède à une rage intense dirigée contre l’espèce humaine tout entière du jour où, les dettes l’assaillant, il est abandonné de tous, ses courtisans se dérobent et par leur ingratitude causent sa ruine. <br /> Ce qui n'est pas le cas de Julius qui se passe des hommes, se contentant de relations nécessaires et suffisantes pour survivre, et se consacrant à sa quiétude enrichie par ses lectures et par son chien. Je ne sais si vous avez lu ce livre et, si c'est le cas, si vous l'avez apprécié.<br /> Merci de vos réactions toujours pertinentes et ouvrant de nouveaux horizons.<br /> Desmodus 1er
S
De l'or ce noir roman où la liberté d'être seul avec un chien s'enracine dans une poursuite bien légitime; et sans bêche à la main je pense à Timon d'Athènes dont je dépose ici quelques extraits qui pourraient faire écho à ce drame :<br /> "Alcibiade - Qui es-tu ? Parle.<br /> Timon - Un animal comme toi. Un cancer te ronge le cœur pour me faire voir encore le visage de l'homme!<br /> Alcibiade - Quel est ton nom ? Peux-tu haïr autant l'homme, étant toi-même un homme ?<br /> Timon - Je suis misanthrope, et je hais le genre humain. Quant à toi, je voudrais que tu fusses chien pour pouvoir t'aimer un peu.<br /> Alcibiade - Je te connais bien; mais ce qui t'est arrivé est pour moi un mystère étrange.<br /> Timon - Je te connais aussi, mais je ne désire pas te connaître plus que je ne te connais. Suis ton tambour; rougis la terre de sang humain, fais-en un champ de gueules...Cette atroce putain qui t'accompagne fait plus de ravages encore que ton épée, avec tous ses airs de chérubins.<br /> Phryné - Que tes lèvres pourrissent !<br /> Timon - Je ne veux pas te baiser : que la pourriture retombe donc sur tes lèvres !<br /> Alcibiade - Comment le noble Timon a-t-il subi un tel changement ?<br /> Timon - Comme la lune : faute de lumière à répandre. Mais je n'ai pas pu, comme elle, renouveler mon éclat, n'ayant pas de soleil à qui emprunter." P. 1223-1224 Ed. Pl. Simon dudit Shakespeare. Merci Desmodus je vais sortir et parler à tous les chiens, selon mon habitude. Et ils me répondent. La langue des chiens est si diverse que je m'en accommode toujours d'une, même sans traducteur.
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